Shiva est certainement l’un des dieux les plus importants, si ce n’est le plus important, de la mythologie hindouiste. C’est un dieu compliqué à comprendre, arborant parfois des facettes opposées. On parle souvent de lui comme d’une entité, ignorant au passage que son nom signifie littéralement « ce qui n’est pas ». On pourrait écrire des livres entiers sur ce dieu. Aujourd’hui, je vais essayer de faire un tour d’horizon de cette divinité complexe afin de mieux la cerner.
D’où vient Shiva ?
Il serait apparu pour départager Brahma et Vishnu alors qu’ils s’affrontaient pour savoir lequel des deux étaient le meilleur dieu. Avec ces deux dieux, il est un des trois dieux principaux qui constituent la trinité hindoue. Il représente la fin, la mort, c’est pourquoi il est le dieu destructeur. Les légendes disent qu’il vivrait sur le mont Kailash.
On raconte qu’à une époque les dieux étaient menacés par les démons et demandèrent son aide à Shiva. Celui-ci accepta à la condition que les dieux lui prêtent chacun une partie de leurs pouvoirs. Une fois les démons vaincus, Shiva refusa de rendre ces pouvoirs ce qui fit de lui l’entité la plus puissante de l’univers.
Toujours d’après les légendes, Shiva aurait mille huit noms parmi lesquels Roudra, Hara, Ougra,…
Rudra symbolise une forme sombre de Shiva, souvent associée à la destruction, ce qui explique qu’elle est représentée sous une forme courroucée.
Ses attributs
De ses cheveux coule le Gange ce qui explique que ce fleuve soit si sacré aux yeux de la religion hindouiste. Son principal attribut est le trident appelé Trishula. Pour les shivaïtes, ou shaïvas, ce trident arbore une triple signification : création, perpétuation et destruction.
Shiva est toujours paré d’un troisième œil sur la tête qui apporte la destruction sur tout ce qu’il fixe. C’est la raison pour laquelle lorsque l’on représente Shiva, il a toujours son troisième oeil de fermé.
Sur sa tête on retrouve un croissant de lune. Celui-ci symbolise la renaissance, tout comme la lune qui diminue avant de renaître. Une autre explication est qu’en étant placé près du troisième oeil, qui est le symbole de la destruction, il représente le pouvoir de création de Shiva.
De plus, un serpent est toujours placé autour de son cou, pour représenter la puissance. Il est souvent accompagné de Nandi, un taureau blanc qui lui sert de monture. Lui-même est l’objet de cultes dans certaines parties de l’Inde.
Par ailleurs, il est souvent représenté sur une peau de tigre ou portant une peau de tigre. Un jour, Vishnu et Shiva se seraient rendus dans une forêt pour combattre des hérétiques qui refusaient de reconnaitre leurs pouvoirs. Les hommes auraient envoyé un tigre ainsi qu’un serpent. Shiva aurait tué le tigre, signifiant ainsi sa domination sur la nature et aurait apprivoisé le serpent pour prouver sa maitrise des passions. Le tigre peut également être interprété comme la puissance de l’énergie qui sommeille en Shiva.

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Nandi le taureau de Shiva
Divinité liées à Shiva
Comme beaucoup de dieux, Shiva est un dieu polygame. Au premier rang de ses femmes figure Parvati. Son prénom signifie « celle qui vient des montagnes », ce qui est bien normal, car elle est la fille du roi de l’Himalaya, Himavat. Toutefois, elle porte une multitude d’autres noms, à commencer par Shakti. Elle est également la soeur du dieu Vishnou, lui aussi central dans l’Hindouisme.
Ces deux divinités, bien que mariés, représentent deux aspects de la conscience divine où Shiva symbolise la conscience et le principe masculin et Shakti le principe féminin (ou pouvoir divin, force créatrice). Tous les deux ont un enfant lui aussi central dans l’Hindouisme, car il s’agit de Ganesh, le dieu à tête d’éléphant.
Selon la légende, Parvati aurait décidé de mener une vie d’ascète pour conquérir le coeur de Shiva, alors plongé dans une intense méditation. Celui-ci aurait ensuite pris la forme d’un brahmane et se serait moqué de lui-même. Parvati n’aurait pas supporté ses propos et lui aurait demandé de partir. Impressionné par la dévotion de Parvati, ils se marièrent.
Parmi ses autres femmes, on peut citer Kali, ou Kali la terrible. Elle est souvent représentée avec une tête humaine coupée dans la main gauche, signifiant ainsi la domination sur les forces du mal.
Parmi ses autres femmes, on voit parfois Ganga, la déesse du Gange. Shiva la porterait dans ses cheveux sous la forme du Gange. Les avis divergent à ce propos. D’après les légendes, Ganga aurait entretenu de la semence de Shiva dans ses eaux. Un jour, cela aurait fini par donner naissance au dieu guerrier Skanda.

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Kali la terrible
Le rôle de Shiva
Shiva est le dieu associé à la destruction. Brahma est le dieu associé à la création et Vishnu à la préservation.
Toutefois, l’Hindouisme, contrairement au Christianisme, considère que la destruction est dans l’ordre des choses. Elle permet ainsi la création et la mise en place d’un nouveau monde. Les yeux de Shiva sont à moitié ouverts car il les ouvre lors de la création du monde et ne les ferme que pour mettre fin à l’univers et ainsi amorcer un nouveau cycle.
Dans l’Hindouisme, Shiva est aussi connu comme le “Bienveillant Seigneur”. Pour se débarrasser de ce qui est mauvais, en nous ou dans le monde, il faut détruire pour mieux reconstruire. Shiva a donc une double étiquette : celui qui détruit et celui qui transforme.
Il est connu pour avoir vécu une grande partie de sa vie dans des conditions d’ascète. C’est pourquoi il est associé au renoncement et que la plupart des sadhus lui voue un culte.
De plus, il est le dieu de prédilection des pratiquants du yoga. Les pratiquants du yoga visent une transformation totale de leur être en vue d’atteindre et de fusionner avec le Divin. C’est donc ici l’aspect transformateur de Shiva qui est mis en avant.
Son culte
Les adorateurs de Shiva sont très répandus en Inde. On les retrouve parfois avec un petit trident de dessiné sur leur front.
Il est souvent vénéré sur terre par les hommes sous forme de lingam. Un lingam est un symbole dans lequel la divinité est présente. Régulièrement, ces lingams ont une forme phallique, ce qui n’a rien d’étonnant car Shiva représente l’énergie masculine. On les appelle Shivalingam. Les “vrais” lingam proviennent normalement des rives de la rivière Narmada en Inde.

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Un exemple de Shivalingam
En sanskrit, lingam signifie symbole, marque. On leur accorde de nombreux pouvoirs et vertus à cause de leur forme et de leur matière. Ainsi, les capacités de résonances des lingam aurait le pouvoir d’apporter l’harmonie au sein de son propriétaire. C’est la raison pour laquelle c’est le coeur qui doit choisir le lingam qui lui est destiné.
Dans les temples dédiés à Shiva les lingams sont placés au centre du temple. On considère qu’il existe deux sortes de lingam :
– ceux taillés par la main de l’homme (ou manusi lingam)
– ceux qui sont naturels et n’ont pas été transformés par la main de l’homme (svayambhu-linga) comme certains galets.
De plus, les Shiva lingam sont généralement composés de trois parties. La partie inférieure est dédiée à Brahma, la partie du milieu à Ganesh et celle du haut à Shiva.

© santabanta.com Shiva sur son taureau Nandi
Shiva est un dieu compliqué à comprendre. Dieu de la destruction, divinité la plus puissante de la trinité hindoue, entité de la transformation, les qualificatifs de Shiva sont très nombreux. On pense que son culte est apparu quinze siècles avant JC et a petit à petit remplacé celui de Brahma. Autant dire que la croyance en Shiva est profondément ancré dans la culture indienne et ce depuis plus de 3000 ans.
Photo de couverture : © reikiserpent WordPress
3:41 pm
magnifique