Les sadhus, des êtres hors du commun

Sadhu Face

Si vous vous êtes déjà promenés en Inde, ou dans un pays hindouiste, vous aurez sûrement déjà croisé des sadhus. Ces êtres, généralement peu habillés (voir pas du tout) et recouverts de plein de couleurs. En sanskrit le mot sadhu signifie bon. Ils sont également appelés swami et sannyasi. Le mot swami signifie littéralement « celui qui se possède » ou « celui qui est vraiment ». Mais alors qui sont-ils et que cherchent-ils ?

Présentation

Un sadhu est un ascète hindou qui a renoncé à toute attache de la vie matérielle pour se consacrer uniquement à sa quête spirituelle. Il se doit de renoncer au plaisir, à la richesse et au pouvoir. Un certain nombre d’entre eux sont toujours mariés quoi qu’ils aient coupé tout lien avec leur famille.

De la même manière, on compte beaucoup de sadhus ayant des diplômes universitaires. La plupart du temps, les personnes qui deviennent sadhus attendent un âge avancé ; c’est en vieillissant qu’ils décident de renoncer à toute attache matérielle. Très souvent, ils sont d’ailleurs officiellement morts pour l’état indien.

Ils coupent tout lien avec leur famille et ne possèdent quasiment rien. Ils revêtent une longue tunique que l’on appelle longhi. Cependant, rien ne les oblige à porter cet habit. Certains courants de sadhus se promènent toujours nus. N’ayant pas de maison propre, ils se déplacent continuellement sur les routes et deviennent des mendiants, comptant sur la générosité des gens pour survivre. Les dons sont leur seule manière de se nourrir.

Dans les familles hindoues croyantes, il n’est pas rare d’avoir recours à un sadhu pour arranger des problèmes familiaux. Pour les hindous, ils sont des représentants terrestres des dieux et à ce titre sont généralement adorés.

Les sadhus représentent environ 0,5% de la population indienne, ce qui correspond à environ cinq millions d’individus. Être sadhu n’est pas une vocation réservée aux hommes ; parmi ces millions de sadhus, on distingue environ 10 % de femmes que l’on peut appeler sadhvi.

En Inde et de plus en plus à travers le monde, ils sont connus sous le nom de « baba ». Cette appellation s’est développée en partie grâce à Baba Rampuri. Cet homme, américain d’origine, est parti en Inde à l’âge de 18 ans et a renoncé à tout, y compris son nom, pour devenir sadhu. C’était en 1969. Il est devenu célèbre en Occident après avoir écrit l’autobiographie d’un sadhu.

Qui devient sadhu et comment ?

Un nombre relativement grand d’entre eux décide de partir vers l’âge de 60 ans. Dans la vie d’un hindou, devenir un sadhu est normalement la quatrième étape à effectuer. D’abord, un vrai hindou doit étudier, faire des études. Ensuite, il doit devenir père et fonder un foyer afin que les traditions ne s’arrêtent pas. Enfin, il faut effectuer un pèlerinage. Cette dernière étape peut aussi prendre l’aspect d’une retraite en forêt afin de s’y retirer pour méditer.

Plus généralement, loin des étapes « traditionnelles » de la vie d’un hindou, on considère qu’il faut avoir rempli ses devoirs envers sa famille et ses ancêtres, avoir un enfant et un petit enfant pour s’assurer de la pérennité des traditions et voir ses cheveux virer au gris, preuve de la maturité acquise avec les années. Le mot Sannyasa désigne le moment, l’étape dans la vie d’un hindou où il renonce à tout et part vivre comme un sadhu ou un ascète.

Les sadhus ont différents rituels à respecter selon leur courant, comme la récitation de mantras, la pratique du yoga, les exercices respiratoires ou la méditation. Un acte très répandu chez les sahus est la consommation d’haschich. Il y a trois buts à cette consommation.

D’abord, ils en consomment à la manière de Shiva ce qui est une marque de respect envers la divinité et qui explique que cette pratique soit surtout répandue chez les sadhus shivaïtes. Ensuite, le cannabis permettrait de se séparer du confort et de tentations matérielles de la vie terrestre. Enfin, c’est un moyen d’envisager plus facilement la vie, souvent difficile pour les sadhus qui sont pour la plupart des nomades.

Par leur quête de la libération, beaucoup de sadhus finissent par rentrer au Guinness des Records. Ils réalisent des exploits inatteignables pour la plupart des gens. Ces exploits n’ont souvent pas d’autres buts que celui de se rapprocher de la libération en renonçant à tout bien matériel, à commencer par le corps.

Parfois, des causes plus vastes sont défendues, comme la liberté pour tous ou la fraternité entre religions. Citons par exemple le sadhu Amar Bharati, devenu célèbre pour avoir conservé son bras en l’air pendant 38 ans. Un autre est resté debout pendant près de vingt années, trouvant le moyen de s’appuyer sur une planche de bois la nuit. Ces hommes, auteurs d’exploits parfois insolites, sont une preuve vivante que la force de volonté permet d’accomplir n’importe quoi.

Différentes sortes de sadhus

Il est fréquent de voir des sadhus parés de pleins de couleurs, souvent chaudes. Ces couleurs n’ont pas de signification particulière, elles permettent juste de distinguer les différents courants auxquels ils appartiennent. On distingue souvent différentes couleurs sur leur peau ou sur leurs habits.

Il existe différents courants de sadhus. La plupart d’entre eux sont shivaïtes, c’est-à-dire qu’ils croient, reconnaissent et vénèrent Shiva. Souvent, les shivaïstes frottent leur corps avec des cendres, représentant ainsi la mort et la renaissance. On distingue de très nombreux courants chez les shivaïstes. Intéressons-nous aux trois principaux :

– Les Nagas Baba. Le mot Naga signifie nu. Rien d’étonnant donc à ce qu’ils soient souvent nus. Ce sont les sadhus les plus enclins à se battre, à prendre les armes. Une de leur caractéristique est d’accorder beaucoup d’importance à la mortification du sexe. C’est la raison pour laquelle ils s’accrochent souvent des poids importants à leur sexe en vue de le désexualiser.

– Les Udasin. Ce courant a la particularité d’avoir été fondé par le fils de Nanak, le fondateur de la religion Sikh. Les sadhus Udasin sont donc sikhs de par leur croyance, mais sont prêts à rejoindre Shiva et ses adeptes à tout moment en cas de conflit.

– Les Aghoris. Ils sont en marge des autres courants. Ils ne croient pas en l’existence de notions de pureté et d’impureté. La traditionnelle dichotomie du monde entre bien et mal ne leur correspond pas ; leur comportement est basé sur l’égalité d’humeur et d’âme à tout moment.

Un sadhu de plus

S’il est un point commun à tous les courants, c’est celui d’accorder une grande importance au fait d’avoir un guru pour être formé. Par exemple, le guru est chargé de transmettre le mantra sacré. C’est également lui qui déterminera à quel moment le disciple est prêt à devenir un sadhu à part entière et prendre la route seul.

Toutefois, tous les sadhus ne sont pas shivaïstes. Ils représentent une grande part d’entre eux mais il existe d’autres courants. On distingue également les sadhus dédiés à Vishnu et/ou à ses incarnations ; Rama et Krishna par exemple. Plus rarement, on trouve des sadhus qui dédient leur vie à Shakti. Cette divinité est à part car elle représente traditionnellement l’énergie divine. On la retrouve d’ailleurs fréquemment dans les mantras hindouistes.

Rassemblement

La plupart des sadhus vivent seul au quotidien. Il arrive qu’ils restent par deux ou trois lorsque l’un d’eux demeure dans une ville avant de partir en retraite dans la forêt par exemple.

Deux sadhus ensemble
Un pourcentage très important de sadhus se rend à Kumbh Mela. C’est le rassemblement de pélerins le plus important au monde et un des rassemblements pacifiques d’êtres humains les plus importants au monde. Il se tient tous les douze ans sur les bords du Gange près de la ville d’Allahabad. Lors de sa dernière édition en 2013, il a rassemblé plus de 120 Millions de fidèles avec une pointe à près de 30 Millions de personnes en une journée.

La plupart du temps les sadhus sont des êtres en marge de la société, de manière assumée et volontaire. Selon leurs croyances, les biens matériels accumulés au cours d’une vie altère le sens même de la vie ce qui explique qu’ils y renoncent. Très rares en Occident et souvent mal considérés (à tort) dans nos sociétés, ils sont une réalité très ancienne en Inde et les pays avoisinants.

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