Tout le monde connait les cinq sens que sont la vue, l’ouïe, le goût, le toucher et l’odorat. Cependant ce que tout le monde ne sait pas c’est que nous pouvons avancer vers notre être intérieur grâce à la perception que procurent les sens. Si nous savons les écouter et les utiliser, il devient alors très facile de méditer. La méditation de pleine conscience permet d’être attentif à toutes les sensations que procurent le corps dans l’instant présent. Elle permet d’observer ces sensations sans jugement, pour simplement ne faire qu’un avec « ce qui est ». Ainsi comment observer et utiliser ses cinq sens pour se reconnecter avec son moi intérieur ?
L’ouïe :
Nous pouvons bien sûr prendre l’exemple de la musique. Celle-ci a toujours joué un rôle fondamental dans la spiritualité. Qu’elle soit liée à la danse, au chant ou à la prière, elle favoriserait l’état de transe. Elle pourrait aussi favoriser l’éveil : sous formes de chant, mantras, tintements des bols tibétains, elle peut nous reconnecter avec notre état intérieur voire le transformer. D’ailleurs, comme le disait Beethoven, « La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie. » Dans beaucoup de traditions spirituelles, la Manifestation du monde est décrite comme ayant sa source dans le son primordial. En Inde, la création est entièrement spanda, une vibration qui fait résonner les trois lettres de “aum”. L’ouïe est très importante pour la méditation de pleine conscience. On peut l’utiliser pour se reconnecter avec l’instant présent en écoutant tous les sons et vibrations du monde extérieur ou même en écoutant une musique classique, des chants d’oiseaux, une flûte des Andes… En concentrant notre attention sur ces sons nous pouvons alors vivre pleinement l’instant présent sans laisser d’éventuelles pensées polluer notre esprit. D’une autre façon, nous pouvons cheminer vers notre être intérieur en écoutant notre respiration ou même en imaginant le son aum venir directement à nos tympans et se focaliser sur cette pensée comme si le son était réellement présent.
« Dans l’émotion, la musique va plus loin que la poésie, elle pénètre plus avant, elle touche l’âme de plus près, elle fait le ciel plus bleu. » Anne Barratin.
Le toucher :
Nous disons bien « être touché » par la beauté de quelque chose, par un acte, une parole… Le toucher implique donc l’être dans sa totalité. La peau, vecteur principal du toucher est souvent le reflet de notre état : on est bien ou mal dans sa peau. Le toucher peut nous reconnecter avec nous-même si le corps est pris et accepté tel qu’il est. Ce corps devient voyage où la destination est la rencontre avec soi, dénué de tout cliché du corps parfait que véhiculent les magazines de modes. La peau reçoit des sensations qui viennent du monde extérieur : le chaud, le froid, le doux, le rêche… Dans la méditation de pleine conscience nous pouvons ouvrir notre esprit pour accueillir les sensations qui viennent se déposer sur notre corps sans jugement. Accepter le froid, la chaleur, la gêne ou le confort et observer ses sensations en se reconnectant avec soi-même et ainsi « toucher » notre être intérieur. On peut également méditer en prenant par exemple un galet entre nos mains. Sans jamais le regarder, on prend conscience de son poids, de sa forme, de sa texture, de son volume et on le visualise intérieurement. On s’approprie alors l’objet comme s’il faisait partie de nous et que notre conscience se tenait entre nos mains.
« On trouve des forces contre ce qui blesse, on n’en trouve pas contre ce qui touche. » Constance de Théis.
La vue :
Ne dit-on pas que « le regard est le reflet de l’âme » ? Une immense partie de notre énergie passe en effet par les yeux. Pour méditer, il faut voir, regarder, discerner, percevoir. La vue est alors différente de la vision. Il est possible de se créer une vision spirituelle en posant son regard sur un arbre, une forêt, une rivière et ainsi nourrir l’âme de beauté et de silence à travers la vue. Le monde visible est émouvant, voire même déchirant si on observe les contrastes entre laideur et beauté. Pourtant, d’ordinaire, nous n’y faisons pas attention. Nous ne voyons pas la beauté de la Terre. Or l’embrasement de la beauté touche en plein cœur. Si les hommes étaient doués d’une vue plus libre et d’une plus haute sensibilité, leur rapport au monde serait entièrement différent. En méditation, la vue joue un rôle très particulier. En effet, alors que certains préfèrent méditer les yeux fermés pour imaginer une image, un paysage, sur lesquels fixer sa pensée, d’autres les laissent entrouverts pour laisser entrer la lumière. Le mouvement des paupières pour les garder ouvertes laisse imaginer des ombres dansantes dans la lumière. Observer ses ombres peut permettre de méditer tout en laissant entrer la lumière dans notre esprit.
« Qui vivra verra, mais qui voyagera verra plus encore. » Proverbe persan. Ici voyager peut-être vu comme voyage intérieur également.
Le goût :
La façon dont on mange en dit long sur nous-même : alors réapprenons à manger avec lenteur et conscience. Pourquoi donc ne pas utiliser le chocolat lors de la méditation ? Prenons le temps de savourer la nourriture, fermons les yeux et sentons les cinq sens en éveil lorsque nous le mangeons : la forme du chocolat, le bruit quand on le croque, le parfum qu’il dégage, sa texture puis sa saveur. Cette méditation nous rappelle que nous sommes des être de chair et d’esprit et que le bien-être se trouve dans la juste mesure : ni dans la privation, ni dans l’excès. Utilisé au sens figuré le goût peut renvoyer à des notions plus abstraites comme nos jugements « ça me dégoûte, je n’ai plus goût à rien, dévorer la vie à pleine dent… ». Alors comme Ève, croquons le fruit défendu de l’arbre de la connaissance et profitons de cette douce saveur qu’est le bonheur.
« Chacun suivant son goût, non son envie, peut faire bonne vie. » Proverbe français
L’odorat :
Il paraîtrait que rien qui ne soit dans notre esprit n’ait d’abord séjourné dans nos sens. Le sens de l’odorat peut aussi renvoyer à des notions qui diffèrent de son sens premier : « Je ne peux pas le sentir, je me sens emplie de joie, avoir le nez fin… ». Le parfum a toujours eu un rôle primordial dans les rituels, on peut notamment penser à l’encens qu’utilisent les prêtres pour que les prières atteignent le ciel. En méditation, certaines huiles essentielles ou des bâtons d’encens peuvent être utilisées pour entrer en soi et nous ouvrir la voie vers des terres inconnues. Le parfum a un pouvoir suggestif très important, un flot d’images et de souvenirs peut alors surgir, ne nous attardons pas dessus, regardons les seulement filer comme des nuages dans le ciel. Inspirons le parfum et observons le s’infiltrer dans nos narines, notre gorge, nos poumons puis expirons en faisant le trajet inverse. Imaginons qu’avec le parfum s’en vont aussi les tensions et les craintes qui résidaient, cachés, dans notre intérieur. Sentons notre peau absorber le parfum par tous ses pores et ressentons la détente qui nous envahit en se fondant dans cette odeur. Nous pouvons aussi méditer sans support en se concentrant sur les odeurs naturelles que nous offrent le monde extérieur et en répétant le même processus.
“Nos yeux, nos oreilles, notre odorat, notre goût diffèrent, créent autant de vérités qu’il y a d’hommes sur la terre.” Guy de Maupassant dans Pierre et Jean
Nos sens nous permettent de vivre le sacré si nous savons les utiliser. C’est un véritable voyage pour l’âme et le corps vers le moi intérieur.
Article écrit par Laurane.
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